Episode 4 : Vers le bazar (Nono - 30/12/2000)

Un bon kilomètre sépare la taverne du bazar, la marche facilite la discussion, surtout pour Slug.

  • J’aimerais beaucoup que tu continues à me parler de ton monde.

Le froid était sec mais les traces d’une pluie récente rendaient la route particulièrement boueuse. L’Elfe avait un peu oublié cette sensation de terre molle qui s’attache aux souliers et qui rend les pas plus lourds. Il se dit qu’il va pouvoir revoir dès demain matin la rosée sur les arbres verts. Il aimait quand il était enfant boire ce nectar au lever du soleil et il souffrait un peu de ne pas pouvoir partager cet instant avec les enfants du futur.

Quelques mètres après leur départ, Slug et Harllanan croisent un homme avec son âne. L’Elfe n’y prête pas attention tout de suite mais plus l’homme approche, plus le sixième sens de notre homme du futur s’éveille. Le sixième sens est le sens le plus affûté chez cet étrange personnage, à aucun moment dans sa vie il n’a été trahit par cet instinct protecteur. Même lorsqu’il s’est retrouvé coincé dans les glaces polaires, il avait senti arriver le danger mais c’était la seule fois où il n’avait pas voulu prêter attention à cette prévision. Il s’en veut encore et plus jamais il ne se laissera avoir.

Slug, lui ne s’intéresse à rien d’autre qu’à son compagnon. Il est sûrement énervant de voyager avec une personne aussi bavarde. Il avait l’impression d’être à côté de son ancien partenaire de voyage Bernard d’Ette qui ne s’arrêtait de parler juste pour dormir.

  • Tu rêves Harllanan ?
  • Quoi ?
  • Tu rêves, je te parle, pose des questions depuis que l’on est parti et toi tu ne me réponds pas, tu le fais exprès ?
  • Regarde cet homme Slug, est ce que tu le connais ?
  • Oui, c’est l’aveugle.
  • L’aveugle ?
  • Oui mon ami, cet homme est aveugle et de drôle de légendes courent par les chemins à son sujet.
  • Lesquelles ?

Slug ne répondit pas tout de suite et se donna l’air des gens importants qui ont une grande révélation à faire. Les mimiques du moyenâgeux permettent à l’Elfe de sourire un dixième de seconde, c’est la deuxième fois aujourd’hui, chose qui ne lui était pas arrivée depuis des siècles.

  • On dit que cet aveugle ne se perd jamais parce que c’est son âne qui le conduit et non l’inverse, on dit même que l’homme et la bête ont inversé leur cerveau et que c’est l'œuvre de la sorcière Auroreratum qui se trouve dans la forêt hantée.
  • Tu es sûr de ce que tu avances ?
  • Oui, plus ou moins. Moi je n’ai jamais osé lui parler, si on parle aux créatures de la sorcière, ça porte malheur et on devient nous même une de ses créatures et ça, je n’en ai pas vraiment envie.
  • Si tu travailles avec moi, tu devras prendre des risques, j’ai besoin de toi et tu as besoin de moi. Tu sais que je ne peux pas intervenir dans ton époque et toi seul peut le faire.
  • Pourquoi tu dis que j’ai besoin de toi ? dit Slug interloqué.
  • Tu le sauras bien assez tôt, pour le moment, j’aimerais juste que tu dises bonjour à l’aveugle.
  • Tu es fou, je n’ai pas envie de finir chez Auroreratum.
  • Si tu ne le fais pas, si tu n’as pas confiance en moi, on ne s’en sortira jamais et il vaut mieux arrêter maintenant.
  • Bon, d’accord je vais le faire mais bien parce que c’est toi et que je n’ai pas le choix.

En arrivant à hauteur de l’homme, Slug, la peur au ventre, prend sa respiration obéit enfin à l’Elfe.

  • Bonjour monsieur.

L’homme et son âne s’arrêtent et se tournent vers nos deux héros. Ils ont l’air assez surpris mais pas autant que nos voyageurs quand quelqu’un leur répondit. Ils s’attendaient à voir l’aveugle leur parler mais c’est à l’âne qu’ils durent s’adresser.

  • Bonjour, dit l’animal, vous allez où ?
  • Au bazar dit Harllanan
  • Pourquoi faire ?
  • Nous avons besoin de certains produits afin de mener à bien une mission
  • Oui je sais, dit l’âne, je vais vous aider, vous irez de ma part voir le vendeur de serpents mauves, il a une fiole pour vous.
  • Merci

Chacun repart de son côté mais le seul qui n’avait rien compris, c’était bien Slug.

  • Explique moi pourquoi c’est l’âne qui nous a répondu et pourquoi il veut nous aider.
  • Je ne sais pas mon ami, je sais juste que mon instinct me dit que l’on peut compter sur lui et que nous aurons l’occasion de le revoir.

Quelques instants plus tard, Slug et Harllanan arrivent au marché.