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Journey
into reality 97
(Jeudi
15 octobre 2009)
Bob
Bernstein :
Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel avec Journey
into Reality et votre serviteur Bob. Ce mois-ci, j'ai décidé
de vous parler du succès médiatique télévisuelle
de cet été, à savoir : Secret
Story. Alors pourquoi m'intéresser à ce type d'émission
me direz-vous ? Pour deux raisons vous répondrai-je. Tout d'abord
parce-que pour moi la télé prétendue réalité
était représentée par les souvenirs de Loft
Story que j'avais suivi et du début de la saison 2 qui m'avait
pour longtemps écarté de ce type d'émission et des
extraits choisis du Zapping de Canal.
Je faisais donc partie de ces gens qui ne regardaient plus tout en restant
persuadé que cela n'avait aucun intérêt. Mais à
force d'écouter des avis différents provenant de sources
diverses, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer de reproduire
une attitude que j'exècre chez les autres, à savoir critiquer
ce qu'on ne connaît pas. Deuxièmement, j'avoue que ma curiosité
avait été piquée et qu'après tout, je ne risquais
rien d'aller jeter un oeil. Et comme lorsque je commence quelque chose,
j'ai horreur de ne pas aller jusqu'au bout, j'ai décidé
d'aller... jusqu'au bout. J'avoue cependant n'avoir pas tout regardé
mais surtout écouté tout en continuant à me livrer
à d'autres activités, merci Internet.
La
première chose qui m'a intéressé était bien
sûr le concept ludique. Celui-ci n'est pas sans rappeler un peu
celui d'une murder party. On regroupe des personnages dans un huis-clos,
chacun disposant d'informations concernant son propre personnage et ayant
pour mission de découvrir les secrets des autres joueurs. Mais
l'analogie s'arrête là. Ici les joueurs jouent non pas un
personnage imaginaire mais leur propre rôle et la compétition
entre eux l'emporte sur la dominante RP d'une murder. A
cela s'ajoute la durée, 14 semaines au lieu d'une soirée
et l'élimination successive des différents candidats. Mais
pour autant Secret Story mérite-t-il
vraiment l'appelation de jeu. On pourrait le penser vu le concept de base
et les différentes missions à réaliser pour pimenter
l'histoire. Il y a cependant d'autres éléments qui sont
beaucoup moins compatibles avec les principes ludiques. Prenons en trois
à titre d'exemple. Tout d'abord, tous les candidats ne sont pas
partis avec les mêmes chances. Certains avaient des secrets qui
avaient bien peu de chance d'être trouvés dans des conditions
normales et avec un faible intérêt pour le jeu, par exemple
le fait d'avoir échappé à un tsunami comme celui
de Maija. Celui de Didier et d'Elise qui devaient
cacher qu'ils étaient un couple était bien plus difficile
à dissimuler mais ouvrait des possibilités plus intéressantes.
De plus certains candidats comme Martin, qui sont entrés
plus tard pour tout de suite être soumis au vote du public étaient
envoyés au casse-pipe, de même que Daniela qui avait
en première semaine bien peu de chance de pouvoir contrer les avantages
des Intrus. Deuxièmement, la Prod a régulièrement
changé les règles du jeu en intervenant au niveau des nominations
par des immunités ou des nominations directes. Et enfin, et plus
gênant encore, c'est le principe même du jeu qui pose problème
au niveau stratégique. En effet il y a deux objectifs complètement
contradictoires, celui de se constituer une cagnotte d'une part et celui
de protéger son secret d'autre part. Or la découverte du
secret fait perdre sa cagnotte. Le meilleure moyen de la protéger
est que son secret soit donc rapidement découvert pour ensuite
cumuler des gains imprenables par les adversaires. Cela explique les tricheries
auxquelles se sont livrés les candidats en se révélant
leur secret, Romain à Jonathan, Jonathan à
Maija et Emilie à Léo même si
elle ne l'a jamais reconnu mais personne n'a été dupe...
à part la Prod. Voici quelques raisons pour lesquels Secret
Story semble plus s'assimiler à un spectacle ludique qu'à
un véritable jeu.
Voyons
maintenant les points forts de l'émission. Il est clair que ce
genre de jeu repose essentiellement sur le casting qui a l'exception peut-être
de Bruno, a été un sans faute. De nombreux personnages
à forte personnalité enfermés pendant longtemps dans
un espace limité et mis en compétition, il n'en fallait
pas plus pour assurer le spectacle. De plus la varitété
des candidats permettait à chaque spectateur de trouver quelqu'un
en qui s'identifier à un moment ou un autre. Si on peut, comme
on l'a déjà dit, regretter la mécanique autour des
secrets principaux, certaines missions valaient le coup d'oeil. Le point
fort de ce jeu reste bien entendu les stratégies mises en place
pour déterminer les nominations et le suspens de l'élimination
est une recette qui n'échoue jamais. Une palme spéciale
à Didier et Elise pour leur mission d'une semaine
visant à convaincre la maison de leur rupture, probablement le
meilleur roleplay de la saison. La Prod a su faire preuve
d'imagination pour relancer l'intérêt et rrouver des idées
pour donner un impact particulier à chaque prime. Il faut aussi
reconnaître à Benjamin Castaldi son aisance dans ce
genre d'exercice qui sait tourner les événements en dérision
sans tomber dans le grotesque comme le font aisément d'autres animateurs.
Enfin, des félicitations toutes spéciales à Dominique
Duforest, le comédien incarnant La Voix (étrangement
représentée par un... oeil !) qui par son phrasé
et son humour a donné tout son sel à l'émission.
Après
les éloges les critiques. On peut regretter qu'il n'y ait pas eu
d'avantage de variété dans les activités proposées
aux candidats en leur offrant d'avantages d'activités purement
ludiques. La multiplication des soirées dansantes avec des thèmes
différents devenait rapidement lassante. En dehors des défauts
liés à la mécanique du jeu déjà citées,
il y a eu quelques dérapages dont l'un m'a semblé particulièrement
mal géré (du point de vue de l'esprit et non pas de celui
de l'audimat). Lorsque Léo en est venu aux mains avec FX,
la Prod s'est contentée de l'exclure provisoirement pour
laisser la décision de son éviction aux autres candidats.
On comprend bien l'intérêt qu'il y avait à procéder
ainsi mais la moindre des choses était une exclusion immédiate
de façon à insister sur le fait que la violence ne peut
en aucune façon être tolérée de la moindre
manière dans un jeu. Si l'on fait un paralèlle, quand Zidane
se conduit comme un abruti en finale de la Coupe du Monde en frappant
un adversaire, il est exclu par l'arbitre sans que celui-ci aille demander
l'avis des autres joueurs. Et pourtant le football n'est pas le meilleur
exemple de décisions morales qui soit. Notons que la Prod
a aussi abusé le public et FX en faisant croire qu'il avait
une bonne côte auprès du public alors qu'il s'est lamentablement
ramassé avec 4 % lors de son éviction. Enfin, la durée
m'a semblée excessive car au bout de 14 semaines, le concept commençait
vraiment à s'essoufler.
Quant
à toutes les critiques des âmes bien pensantes qui se sont
scandalisées de ci et de là, on ne peut pas dire qu'il y
avait vraiment de quoi pousser les hauts cris. Certes, on a bien vu quelques
scènes dénudées plus ou moins dissimulées
par des carrés noirs mais je doute que cela choque vraiment de
nos jours. Le langage laissait à désirer mais c'est mal
connaître le monde d'aujourd'hui ou à l'exception de Vanessa,
l'ensemble des candidats s'exprimait au moins aussi bien que des personnes
jugées bien plus honorables, ne serait-ce que notre président,
par exemple. D'autres plaignent ces pauvres jeunes qui ne se remettront
jamais d'une telle expérience... il existe des expériences
de vie bien pire que celle-là à surmonter et les participants
ne sont plus aujourd'hui des ingénus qui ne savent à quelle
sauce ils vont être mangé. Certains candidats d'autres jeux
passés ont d'ailleurs bien su tirer leur épingle du jeu.
Ils connaissent le système et savent en général bien
l'exploiter, au contraire. De même qu'on ne va pas au cinéma
voir un James Bond pour réfléchir sur le sens de
la vie, il faudrait être bien crédule pour attendre d'une
émission de télé prétendue réalité
qu'elle éduque les générations futures. Prenons les
choses pour ce qu'elles sont et gardons nos forces d'indignation pour
d'autres causes sans oublier que nous avons toujours le pouvoir ultime
de changer de chaîne ou de faire autre chose... C'est tout... pour
le moment !
Je
vous laisse méditer sur ces pensées et vous donne rendez-vous
en novembre... bye !
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