Journey
into reality 82
(Mardi
18 mars 2008)
Bob
Bernstein :
Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel avec Journey
into Reality et votre serviteur Bob. Le Coup
de Coeur de ce mois de mars est occasionné par une bien
triste nouvelle et sera l'occasion de rendre hommage à un homme
à qui nous tous, héros de jeu de rôles, devons beaucoup
pour ne pas dire tout : Gary Gygax.
Si
pour les rôlistes, il n'est pas nécessaire de dire
qui était Gary Gygax, il n'en va pas de même pour
le commun des mortels qui n'avait probablement jamais lu ce nom avant
aujourd'hui. Avant d'entrer plus dans le détail, qu'il vous suffise
de savoir que Gary Gygax était le créateur de Donjon
et Dragon, en d'autres termes, le père du jeu de rôles
!
Ernest
Gary Gygax a donc manqué son ultime sauvegarde 4 mars 2008
dans sa maison de Lake Geneva alors qu'il n'avait que 69 ans, et
dans notre monde malheureusement, il n'y a pas de raise dead. C'est en
1974 que lui, et son complice Dave Arneson, avaient inventé
ce qui allait révolutionner l'univers du jeu et la vie de nombreux
joueurs : Donjons et Dragons chez TSR.
Le jeu de rôles était né et il s'inspirait
fortement des univers de Tolkien et d'Howard.
Plus
de 30 ans après, on ne compte plus les univers et les règles
de jeux de rôles qui ont été créés
mais malgré tout cela, Donjon et Dragon
(qui en est à sa troisième version) reste le jeu le plus
joué. Selon certaines estimations plus de 20 millions de personnes
auraient un jour joué à D&D.
Il
existait enfin un jeu où l'on pouvait laisser libre cours à
son imagination et l'espace d'une soirée se permettre de
vivre les aventures les plus folles entre amis sans pour cela courir aucun
risque. On retrouvait le plaisir du conte et des veillées mais
avec une histoire à l'issue inconnue à laquelle chacun allait
apporter sa contribution selon ses envies ou ses humeurs.
Bien
entendu le phénomène offrit à quelques frustrés
l'occasion de se mettre en avant pour exorciser le danger démoniaque
que représentait le jeu de rôles (ils eurent même
leurs disciples en France parmi lesquels J. Pradel et M.
Dumas). Le sage Gygax se contentait d'en sourire et de répondre
que c'était très bon pour les ventes du jeu. On pourrait
en rire s'il n'avait pas eu besoin d'engager un garde du corps (fighter
lv 115) pendant quelques temps pour assurer sa sécurité.
Il aimait à rappeler "Je suis content que la plupart des
gens aient réussi à faire la part des choses entre la fantaisie
du jeu et la réalité de la vraie vie".
Nous
aurons la pudeur de ne pas parler des adaptations cinématographiques
de D&D. Mais la définition de
personnages par des caractéristiques allait ouvrir la voie
à de multiples jeux vidéos d'aventure où l'on
pouvait incarner moult chevaliers et magiciens. L'idée forte du
gain d'expérience et de l'amélioration du personnage
assuraient aussi l'envie de poursuivre l'aventure pour avoir accès
à de nouvelles possibilités ou affronter des défis
de plus en plus relevés. Ainsi sont nés Baldur's
Gate ou Neverwinter Nights.
Depuis
le jeu de rôles a subi la concurrence de son descendant le
MMORPG qui se veut la version informatique permettant de rassembler
des milliers de joueurs sur leurs ordinateurs là où je
jeu de rôles en rassemblaient une demi-douzaine autour d'une
table. World of Warcraft ou Dofus,
pour ne citer qu'eux ont souvent remplacé les myhiques Donjons,
Runequest ou Warhammer
(qui sort lui aussi sous la forme de MMORPG). Blizzard a
d'ailleurs rendu un hommage sur son site à celui qui les a inspirés.
Sans
renier la qualité indéniable de jeu offerte par ces univers
en ligne, on ne peut que s'accorder sur l'avis de Gary Gygax lorsqu'il
disait : '" Il n'y a pas d'intimité avec le personnage,
ce n'est pas vivant. Tout est traduit par un ordinateur, et votre imagination
n'est pas active de la même manière que lorsque vous êtes
membres d'un groupe". Effectivement, si les MMORPG conservent
l'univers et le côté tactique du jeu de rôles,
il est certain que le côté Roleplay n'y est que peu
présent. Il n'y a pas ce plaisir de se retrouver physiquement entre
amis pour échanger et rire autour d'une table et un clic de souris
ne remplacera jamais la sensation du lancer de dés (même
si ceux-ci ne servent qu'à faire du bruit derrière le paravent
du maître ; dixit Gary) ! Et si l'on va encore plus loin,
le rôle de préparation et d'animation du Meneur de Jeu,
autre plaisir incomparable du jeu de rôles, y est complètement
absent. Gygax aimait citer cette anecdote pour illustrer son propos
: «Cela me rappelle un jour où j'ai vu quelques enfants se demander
s'ils préféraient la télévision ou la radio. L'un d'eux optait pour la
radio. Je lui ai demandé pourquoi. Il m'a répondu : parce que les images
sont tellement meilleures ! ».
Un
proverbe chinois dit que si l'on donne un poisson à un homme, il
mangera un jour mais que si on lui apprend à pêcher, il mangera
toute sa vie. Gary Gygax nous a donné les outils pour rêver
toute notre vie et cela n'a pas de prix. "Je voudrais que le monde
se souvienne de moi comme le type qui a vraiment aimé jouer, et
partager sa connaissance, ses passe-temps avec tout le monde".
Il en sera fait ainsi Monsieur Gygax, tous les personnages du Nexus
s'asocient à moi pour vous dire merci et nous savons que lors de
notre prochaine partie de jeu de rôles vous serez encore
un peu parmi nous.
Rendez
vous en avril, bye !
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