Journey
into reality 48
(Jeudi
3 février 2005)
Bob
Bernstein :
Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel avec Journey
into Reality et votre serviteur Bob. Depuis notre dernier
rendez-vous vous avez pu découvrir une adaptation de Risk
en GN et voir que nos Nexliens s'étaient
enrichis. Nous allons consacrer le Coup de Coeur
du mois à un personnage bien connu. Et afin de nous en parler,
le chef de la police de Middenheim et l'inventeur de la science
forensique médiévale : Kurt Kuriakin ! Kurt,
vous allez nous parler d’un personnage unique de la littérature française :
le commissaire San-Antonio. Alors, mon cher Kurt, que pouvez-vous
nous dire pour ceux qui n’auraient pas le bonheur de connaître cet illustre
héros.
Kurt
Kuriakin :
San-Antonio est un personnage unique. Il a été créé par le regretté
Frédéric Dard dans les années 50. Il a occupé différentes
fonctions au cours de ses aventures que ce soit dans la police française
ou dans différents services secrets ou d’enquêtes.
BB :
Un policier, ce n’est guère original, alors, qu’est-ce qui fait
sa particularité ?
KK :
C’est un policier qui ne s’embarrasse pas de la hiérarchie, ce qui lui
a valu de nombreuses difficultés avec ses différents supérieurs et particulièrement
Achille, celui qu’on appelait aussi le Vieux. SA
est une force de la nature et un séducteur hors-pair(es)
dont personne n’est en mesure de compter les conquêtes.
BB :
Là encore, ce n’est pas du jamais vu, alors qu’est-ce qu’il a de plus ?
KK :
San-Antonio c’est avant tout un style unique. Il raconte ses aventures
à la première personne et interpelle régulièrement son lecteur avec qui
il a une relation complicité / provocation très attachante. C’est
aussi tout le plaisir d’un langage fleuri où l’argot, les
métaphores, l’humour et une certaine philosophie
bien française viennent émailler des intrigues bien construites.
On peut être dérouté lors de l’immersion dans cet univers mais lorsqu’on
y a goûté, on peut difficilement sans passer.
BB :
Vous parlez d’un univers, quels sont les personnages qui
l’entourent ?
KK :
Ils sont très nombreux et n’ont cessé d’augmenter au cours de ses
presque 200 aventures. Je me contenterai de citer les plus célèbres.
Tout d’abord Alexandre-Benoit Berurier est son fidèle compagnon
au parler unique et à l’aspect impressionnant bien que peu distingué sur
lequel, je me conterai d’attirer votre attention sur son membre surdimensionné.
Pinaud, éternel vieillard au mégot pendant mais à l’esprit toujours
aussi vif. Félicie, sa brave femme de mère, qui est toujours son
dernier refuge. Berthe Bérurier, la digne épouse de Béru
et qui n’est sa moitié que de nom. Jérémie Blanc, un black vraiment
chié. Marie-Marie son amour bien particulier. Je pourrais continuer
des heures à citer tous les personnages truculents sortis de l’imagination
fertile de l’auteur.
BB
: SA est-il à mettre en toutes les mains ?
KK
: Certains esprits chagrins pourraient reprocher le côté
coquin et porté sur la chose du commissaire. Mais les commentaires
à ce sujet sont beaucoup plus comiques que salaces. Je pense d'ailleurs
que le style de l'auteur provoque une auto-censure automatique. Quand
on est capable de lire un SA et de le comprendre, on ne peut être
choqué par son contenu. Il faut cependant dire que l'on compte
d'avantage d'amateurs de SA chez la gent masculine que chez ces
dames mais je ne sais ce qu'il faut en conclure.
BB :
Alors faut-il lire SA pour l’humour ou pour les enquêtes
policières ?
KK :
Les deux mon capitaine et c’est ce qui fait la force de ces romans. L’intrigue
et les rebondissements se multiplient au fur et à mesure des frasques
et des délires de l’auteur. Dard fait partie de ces génies,
qui comme Audiard, savent créer une ambiance au gré de phrases
où le Français est parfois malmené mais en montre toute sa richesse.
BB :
Malheureusement, Frédéric Dard nous a quittés un triste 6 juin
2000. Est-ce que cela a sonné le glas des aventures du commissaire ?
KK :
Pour nous mettre un peu de baume au cœur, son fils Patrice Dard
a décidé de prendre la relève et a déjà signé 6 nouvelles aventures
de SA. Il a su relever un défi qui était loin d’être gagné. Et si
je me garderai bien de comparer la prose du père et du fils, je dirai
simplement qu’il s’en sort plutôt bien et que ses histoires nous permettent
de nous plonger encore un peu plus dans cet univers. Brefle, comme dirait
Béru, si vous n’avez jamais essayé un SA, faites-le au moins
une fois… pour voir, je vous jure ça vaut le coup.
BB :
Merci Kurt. Je vous souhaite donc une bonne lecture à tous
et vous donner rendez-vous en mars ! Bye !
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