Journey into reality 38

(1er mars 2004)

Bob Bernstein : Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel avec Journey into Reality et votre serviteur Bob. Depuis le mois dernier, le Nexus, vous a permis de mieux connaître notre ami Logan Luckshield et de vous détendre un peu de façon tout à fait amicale auprès de cette confrérie si particulière connue sous le nom de "blondes". De plus si vous avez été attentifs, vous avez peut-être constaté que de nouveaux nexliens ont été ajoutés. Prochain rendez-vous du côté de l'animation avec une fiche technique sur l'atelier jeu de rôles... vous ne pensiez tout de même pas que nous allions passer à côté ? D'ailleurs à propos de jeu de rôle, j'ai le plaisir de recevoir Felicia Wilde encore plus radieuse que d'habitude. Dîtes-moi un peu ma très chère Félicia ce qui vous met de si bonne humeur ?

Felicia Wilde : Tout simplement une naissance mon cher Bob. Alors que de nombreuses maisons d'édition ont du fermer leur porte en raison de la faible rentabilité du secteur du jeu de rôle, on ne peut que se réjouir quand une nouvelle maison d'édition française décide de se lancer dans l'aventure.

BB : Qui est donc cette nouvelle maison et quelle est sa philosophie ?

FW : Elle porte le nom bien peu français de Extraordinary Worlds Studio. D'après ce que ses créateurs nous disent sur le site officiel, ils se présentent comme des passionnés d'imaginaire, à la fois joueurs et professionnels. Ils semblent vouloir placer dès le début la barre haute avec une ambition qui fait plaisir à entendre et qui espérons le, tiendra ses promesses. Leur volonté est de proposer un système de jeu générique avec un univers original et une campagne par an.

BB : Encore un système universel ? Le D20 System a-t-il encore laissé la place à cela ?

FW : Je le pense car bien qu'il puisse être pratique de retrouver un système que l'on connaît, il est aussi agréable de changer de règles pour vraiment se dépayser et l'omniprésence du D20 System finit elle aussi par lasser certains joueurs.

BB : Avez-vous pu jeter un oeil sur ce système de jeu, alors ?

FW : Plus que cela, je l'ai même lu en détail puisqu'il est librement téléchargeable sur le site depuis le 20 février (date qu'ils avaient annoncée et respectée ce qui est presque suspect dans le monde du JdR !). Il nécessite 1d20 (pour la résolution des actions) et 1d10 (pour l'initiative et les dégâts). Lorsque l'on regarde la feuille de personnage, elle nous rappelle un peu, non sans une certaine nostalgie, le système Chaosium.

La création de personnage est à la fois simple mais suffisament riche pour permettre de définir le personnage que l'on a envie de jouer. Comme dans l'Action System, on choisit le type de campagne que l'on va jouer de Survie à Homérique selon le réalisme et le taux de mortalité souhaité. C'est ce choix qui détermine le nombre de points à répartir puisqu'il n'y a pas de tirage de dés lors de la création, ce qui comme d'habitude ravira certains tout en frustrant d'autres. Le niveau intermédiaire Cinématique permet d'obtenir un personnage disposant dès le départ de capacités correctes sans pour autant être grosbil. Les 4 caractérisitques permettent de calculer la base des 4 champs dans lesquels on retrouvera les traditionnelles compétences nommées Spécialités. A noter, la bonne idée d'attribuer quelques points supplémentaires réservés aux compétences de loisirs d'habitude sacrifiées au profit de l'efficacité du perso. Il est d'ailleurs dommage que les règles ne s'y arrêtent pas d'avantage. Les caractérisitques et les champs permettent ensuite de déterminer d'autres critères du perso à l'aide de calculs simples.

Les personnages sont intégrés dans un archétype qui leur ouvre certains avantages et détermine le coût des spécialités en fonction des champs de prédilection. Ce sont surtout ces archétypes que l'on va probablement retrouver dans les différents univers de jeu mais ils sont suffisament simples pour que le MJ n'ait pas de difficulté pour en créer un spécifique à la demande d'un joueur. Lorsqu'un personnage a satisfait à certains pré-requis, il peut ensuite accéder à un archétype avancé lui apportant d'autres avantages. Ces archétypes permettent de mieux définir un personnage en fonction de ses activités sans pour autant l'enfermer dans une classe trop rigide. Enfin, des aptitudes et des traits (avantages et restrictions) permettent de donner la touche de personalisation finale à son perso.

Une longue liste de Spécialités permet ensuite au joueur de trouver son bonheur. Elle n'est bien sûr pas exhaustive et peut être complétée en fonction des besoins. Je n'y ai par exemple pas trouvé de compétence d'équitation ou de conduite de véhicule aquatique mais il est facile de trouver à quel champ les rattacher. A l'essai, il semble que le champ Habileté soit celui à ne surtout pas négliger, c'est le seul où je n'avais pas assez de place sur la feuille pour noter les Spécialités choisies. Une mention spéciale au système de la Double Spécialité qui permet de perfectionner son personnage dans un domaine (vous connaissez ma préférence pour l'hélicoptère par rapport à l'avion, non ?). On peut ainsi avoir selon les besoins des compétences très spécifiques sans se noyer dans une liste interminable dont une grande partie ne servira jamais à rien. La table de malus pour les néophytes (personnage tentant une action dont il n'a pas la Spécialité) est aussi un excellent compromis entre réalisme et efficacité.

La mécanique de jeu repose sur une table de résolution unique opposant un actif à un passif (tiens, mon impression Chaosium est de retour). Selon la maîtrise du personnage et la difficulté de l'action, on obtient un chiffre compris entre 1 et 19. Il suffit d'obtenir un résultat inférieur ou égal au d20 pour que l'action soit réussie. Bref un système simple et efficace qui ne déroutera personne et qui fonctionne très bien. Selon la volonté de détails on a le choix entre deux types de réussite ou d'échec critique. On espère que des tables viendront les enrichir dans les extensions à venir. On a ensuite des conseils sur les différents types de confrontation bien expliqués. Enfin les personnages disposent d'un certain nombre de Points d'Eclat équivalents aux points d'héroïsme ou de destin d'autres jeu qui permettent de réussir des actions héroïques. Bref, que du bon.

Comme à l'habitude les combats ont leur part de choix. C'est toujours la même table qui résout les attaques et les parades. A noter que c'est toujours le PJ qui est l'actif, ce qui frustrera peut-être des MJ dans mon genre qui aiment bien lancer les dés mais rien n'empêche d'ignorer cette règle sans rien changer au système de jeu. Deux petites remarques au passage. Dans la description de l'esquive on nous laisse entendre qu'elle concerne les attaques à distance alors qu'on nous précise qu'on peut l'utiliser aussi pour éviter un coup au corps à corps, ce qui rend alors cette Spécialité primordiale pour la survie du perso. J'aurais aussi aimé trouver la description de quelques armes classiques (épée longue, pistolet blaster, beretta 6.35...) pour tester un combat armé. Différentes situations de combat traditionnelles sont là encore clairement explicitées. Lorsqu'un personnage est touché, il subit deux types de dégâts (Superficiels ou Létaux), ce qui permet d'être neutralisé sans pour autant être forcément mort, ce qui devrait donner pas mal de sel aux affrontements. A ce sujet les dégâts supplémentaires autorisés par une Double Spécialité en arts martiaux ainsi que le fait de pouvoir passer l'intégralité des dégâts en blessures létales me paraissent transformer les adeptes de ses pratiques en machines de guerre peut-être un petit peu trop redoutables... à voir. J'émet aussi un petit doute sur le fait que les armes aient un facteur de dégâts fixes en ce qui concerne les dégâts létaux même si 1d10 de dommages superficiels vient un peu pondérer cet état de fait. Je redoute que l'on en arrive à se dire "Ah... voici un monstre qui tombe en deux balles ou en trois coups d'épée" mais cela pourra vraiment se vérifier ou s'infirmer après quelques parties. Un bon point pour la règle de visée prenant en compte la maîtrise du personnage. Le chapître se termine avec des explications encore une fois claires concernant les autres types de dégâts (chute, feu, poison...).

Les règles sur l'expérience des personnages paraissent bien équilibrées entre l'amélioration des caractéristiques, des spécialités et du reste. Etant donné le nombre de points donnés à l'issue d'un scénario, la progression sera probablement lente mais les différents niveaux limités à 10 ne permettent de toutes façons pas de gros gains sans obtenir rapidement des persos trop puissants.

Pour finir des règles sur la réputation et les pouvoirs mystiques sont esquissées en fin de livret.

BB : Je crois que nous avons fait le tour en ce qui concerne les règles. Quel sera le premier univers présenté ?

FW : Il s'agira d'Arkeos, un univers "pulp" des années trente pour lequel on nous promet une campagne en 7 scénarii. C'est vraiment là qu'EW-S entrera ou non dans la cour des grands. S'ils parviennent à nous proposer une aventure sachant mêler intrigues et action tout en exploitant intelligemment l'univers de jeu, alors, ils auront vraiment gagné leur premier pari et pourrons, comme nous l'espérons continuer longtemps. Ce qui est sûr c'est que j'ai hâte de le tester mais la date de parution n'est pas encore annoncée.

BB : Merci, Félicia, vous nous avez mis l'eau à la bouche... comme toujours. Une dernière remarque ?

FW : Oui, il faut aussi saluer leur politique commerciale puisqu'ils semblent vouloir proposer des tarifs à la bourse de tous les rôlistes. Jugez plutôt (oui, je sais que vous c'est Bob et que vous n'êtes pas le chien de Mickey) : un livret de 76 pages (dont la présentation s'annonce très professionnelle) comprenant les règles, l'univers, un scénario et la fiche de personnage ainsi qu'un écran 4 volets ; le tout pour 12 € !

BB : Eh bien, nous attendons tous la sortie d'Arkeos dont nous reparlerons à ce moment. En attendant, il est temps de nous quitter et de se donner rendez-vous en avril. Bye !

Toutes les images illustrant cet article sont la propriété de EWS

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