Journey
into reality 28
(Dimanche
13 avril 2003)
Bob
Bernstein :
Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel avec Journey
into Reality et votre serviteur Bob. Comme annoncé
le mois dernier, la Nexion Animation s'est
agrandie d'un nouvel atelier sur les balles de jonglage.
Notre prochain rendez-vous sera assez exceptionnel puisqu'il s'agira d'un
module pour James Bond 007 se déroulant
dans le cadre des centres de vacances, une histoire qui trouve
tout à fait sa place dans le Nexus
! Ce mois-ci j'ai bien entendu décidé de vous parler de
la guerre en Irak. Pas d'invité donc mais juste mon analyse
personnelle accompagnée de quelques illustrations et commentaires
piochés sur le net.
La
question qui restera éternellement posée est fallait-il
faire la guerre en Irak et pouvait-on arriver à un résultat
sans en passer par les armes ? Personne ne pourra jamais répondre
avec certitude à cette question car le second cas de figure non-guerrier
n'aura pas lieu. Néanmoins les éléments que nous
connaissons à ce jour peuvent nous permettre quelques réflexions.
Tout
d'abord, il faut il se réjouir sans retenue de la chute de Saddam
Hussein, la disparition d'une dictature est incontestablement un événement
positif. Il ne faut cependant rester vigilant car l'amélioration
de la situation en Irak dépendra avant tout du nouveau régime
qui sera mis en place. L'histoire a montré qu'il est toujours plus
difficile de construire que de détruire.
Alors
si aujourd'hui, les choses semblent prendre une tournure positive pourquoi
ce goût d'amertume dans la bouche ? Si on considère que la
fin justifie les moyens on peut féliciter l'armée américaine
du résultat mais si on pense comme le chantait Balavoine
que "aucune cause ne vaudra jamais la mort d'un innocent",
on peut encore douter du bien fondé de la méthode employée.
Des
civils et des militaires des deux camps ont payé de leur vie cette
libération, cela en valait-il le prix ? Sans parler d'une solution
uniquement pacifique, on peut se demander s'il n'était pas possible
d'employer d'autres moyens. Les événements qui se sont déroulés
ont montré qu'une grande partie du peuple irakien ne soutenait
plus le dictateur et que ses troupes d'élite elles-même semblent
avoir refusé de se battre. Comment se fait-il que les services
secrets tels que la CIA n'aient pas été capable d'organiser
un coup d'état en s'appuyant sur l'opposition, face à un
adversaire aussi démuni ? Ces services qui semblaient si doués
dans le passé sur ce type d'action seraient-ils devenus incompétents
ou leur a-t-on tout simplement demandé de ne rien faire pour les
que les canons puissent résonner ?
S'il
y a bien une personne qui ne sortira pas grandie dans cette affaire, c'est
bien Georges W Bush. En quelques semaines, on a vu cet homme tenter
d'inventer les excuses les plus farfelues (danger représenté
par l'armée irakienne, présence d'armes de destruction
massives, complicité avec les réseaux terroristes
de Ben Laden) pour pouvoir partir en guerre et faire comme papa (qui
avait d'ailleurs de façon étonnante oublié de finir
le travail en 91...) mais il semble bien que la vérité soit
ailleurs. Ensuite, il a trouvé intelligent d'annoncer au monde
entier qu'il avait des preuves et qu'il allait nous les montrer...
la seule preuve formelle que le monde a pu avoir à ce niveau était
que l'actuel président des USA était un menteur.
Ensuite, ce représentant de la liberté et de la démocratie
a décidé de faire les choses dans les formes en essayant
d'avoir le soutien des Nations Unies. Se voyant désavoué,
il a décidé de faire finalement comme il en avait envie
montrant ainsi que pour lui, un allié est quelq'un qui est d'accord
avec lui et qui ce qu'il ordonne... il faudra que je regarde à
nouveau dans un dictionnaire comment on appelle cette façon de
gouverner. Et enfin, comme il faut toujours une cerise sur le gâteau
notre brave Georges a décidé de se tourner vers Dieu
pour soutenir sa cause mais là encore, le représentant officiel
de la divinité sur terre lui a donné tort...
Ces
événements n'auront donc pas été inutiles
puisqu'ils nous auront au moins permis d'apprendre, qu'il ne faut pas
croire l'administration Bush qui a une notion toute particulière
de la vérité et de la morale, que l'Europe n'existe pas
(mais, bon, ça on le savait déjà un peu) et que
les Nations Unies, c'est juste pour faire joli.
Pour
conlure, je vous propose de réfléchir sur l'article suivant
:
Dans
un article publie dans la presse du Zimbabwe, Jonathan MOYO,
docteur en sciences sociales, ministre de l'information du gouvernement
Mugabe, estime que tous les enfants du monde devraient étudier
le déroulement des élections aux Etats-Unis, car
elles sont manifestement la preuve que la fraude n'est pas un phénomène
réservé aux pays en voie de développement.
Pour
étayer ce point de vue, il expose, non sans humour, l'argumentation
suivante :
-
Imaginez que nous lisions un article dans notre journal préféré
parlant
d'une élection dans un pays du Tiers Monde ou le candidat qui s'est
autoproclamé vainqueur était le fils de l'ancien premier
ministre qui était
lui-même l'ancien chef de la police secrète du pays (CIA).
-
Imaginez que ce vainqueur autoproclamé n'ait en fait pas obtenu
la
majorité des votes de la population, mais qu'il soit quand même
l'heureux gagnant
des élections selon une règle héritée de l'époque
du colonialisme qui
prévoit que c'est un collège électoral qui doit désigner
le président.
-
Imaginez que la "victoire" du vainqueur autoproclamé ait été
acquise
à la suite du dépouillement contesté des bulletins
de vote dans un district
dirigé par son propre frère!
-
Imaginez que dans un district, justement celui ou les électeurs
étaient
en faveur de l'adversaire du candidat autoproclamé, les bulletins
de
vote aient été imprimés de telle manière que
des milliers d'électeurs n'ont
en fait pas voté pour leur candidat favori, mais pour le faux candidat.
-
Imaginez que les représentants de la caste la plus méprisée
du pays,
qui craignaient ouvertement pour leur vie et leur gagne-pain, se soient
présentés en masse pour voter avec une unanimité
presque totale contre
le vainqueur autoproclamé.
-
Imaginez que des centaines de membres de cette caste méprisée
aient
été bloqués sur le chemin des bureaux de vote par
la police de l'état
qui avait reçu ses ordres directement du frère du vainqueur
autoproclamé.
-
Imaginez que six millions d'électeurs se soient rendus aux urnes
dans
la province contestée et que le vainqueur autoproclamé ne
"gagne" qu'avec
327 voix d'avance. C'est à dire un chiffre sans doute inférieur
a la
marge d'erreur des machines qui effectuent automatiquement le décompte
des voix.
-
Imaginez que le vainqueur autoproclamé et son parti politique s'opposent
formellement à un contrôle et à un nouveau décompte
manuel des voix
dans la province contestée ou dans le district ou la situation
est la plus
disputée.
-
Imaginez que le vainqueur autoproclamé, lui-même gouverneur
d'une
province, ait les plus mauvaises références en matière
de droits de l'homme
de toutes les provinces et de tout le pays, et qu'il détienne en
fait le triste
record du plus grand nombre d'exécutions.
-
Imaginez que l'une des plus importantes promesses électorales du
vainqueur
autoproclamé ait été qu'il nommerait à vie
à la Haute Cour de justice
du pays des personnes qui, comme lui, ne respectent en rien les droits
de l'homme.
Personne
parmi nous ne prendrait la peine de croire qu'une telle élection
est
représentative d'autre chose que de la volonté du candidat
auto
proclamé de prendre le pouvoir à tout prix.
Et
je peux tout a fait imaginer que nous tournerions tous la page du journal
avec un sentiment de dégoût et en nous disant que nous avions
à nouveau été
les témoins d'une péripétie plus que navrante, orchestrée
par des individus
anti-démocrates dans une région un peu bizarre de notre
planète...
Les
Etats-Unis, une secte bien étrange ou il est plus choquant de coucher
avec
une stagiaire que de baiser 270 millions de citoyens !
C'est
sur cette dernière réflexion que je vous quitte et que je
vous donne rendez-vous en mai ! Bye !
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