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Journey into reality 17 (lundi 25 janvier 2002)
Bob Bernstein : Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel avec Journey into Reality et votre serviteur Bob. Ce mois-ci, nous sommes particulièrement en retard pour nos retrouvailles. Depuis le mois dernier, le Nexus s'est enrichi du premier scénario de Top Secret du côté des jeux de rôles ainsi que d'un article sur les matchs d'impro dans la Nexion Animation. Notre prochain rendez-vous sera d'importance puisque nous vous présenterons le background de Nexus, le jeu multivers que nous vous proposons. Aujourd'hui, nous allons mieux découvrir l'univers d'une série unique : Le Caméléon (The Pretender en VO). Pour cela, nous recevons Gwendolyne Garrett. Pour ceux qui ne connaissent pas la série, l'interview suivante est garantie sans spoilers. BB : Gwendolyne, bonjour, vous permettez que je vous appelle Gwen ? GG : Je ne peux rien vous refuser, Bob. BB : Alors, en gros, le Caméléon, c'est quoi ? GG : C'est l'histoire d'une étrange organisation appelée le Centre qui se livre à des expériences en vue d'exploiter pour son compte les capacités d'êtres surdoués. Parmi eux, un jeune garçon, nommé Jarod, a été enlevé à sa famille car il est un Caméléon : un être qui peut se mettre dans la peau de n'importe qui. Mais un jour, le Caméléon parvient à s'échapper du Centre. Il découvre que les expériences auxquelles il a participé avaient des buts bien peu honorables. Devenu fugitif, il décide d'expier ses fautes en aidant ceux qui sont victimes tout en cherchant à retrouver sa famille. Si l'on se réfère au Voyage du Héros de Vogler (dont nous parlerons une prochaine fois) où l'aventure commence quand le héros quitte le monde ordinaire pour le monde extraordinaire, le Caméléon inverse les références. En effet, ici, le monde ordinaire est l'univers mystérieux du Centre, alors que le monde extraordinaire est notre monde contemporain bien réel. Rendre l'ordinaire extraordinaire, c'est un des tours de force de la série. BB : Voilà en effet un background bien posé et prometteur, mélange de XIII, du Fugitif et de X-Files, mais il n'y a là rien de révolutionnairement original. Alors, quel est le plus du Caméléon ? GG : Je dirais plutôt les plus. Il y a avant tout la structuration de chaque épisode et tous ces petits détails qui font que l'on sait qu'on est bien dans un épisode du Caméléon comme c'était le cas pour des séries telles Mission impossible, Columbo ou Les mystères de l'ouest. Chaque aventure plonge Jarod dans un nouvel univers dont nous allons pouvoir découvrir les règles au fil de l'épisode. Petit à petit, les raisons qui ont amené le Caméléon sur cette piste se dévoilent et nous découvrons en même temps que lui ce qui s'est réellement passé. Pour découvrir la vérité, Jarod va utiliser les enregistrements des expériences qu'il a vécues au Centre. Tel Rahan ou le héros de Kung-fu, il va exploiter ses souvenirs et ses observations pour démêler l'intrigue. Cette astuce scénaristique présente le double avantage d'impliquer encore plus le héros en le rapprochant des victimes tout en nous permettant de mieux le connaître grâce à ces fragments de son passé. Il ne reste plus à Jarod qu'à mettre au point un plan pour piéger le coupable afin de l'amener à se trahir tout en lui faisant revivre ce qu'à souffert sa victime. L'humour de la série a aussi son propre style. Des dialogues tels que : - Vous êtes docteur ? - Oui... pour la journée ! ou la démonstration mathématique de l'improbabilité du Père Noël, reflètent bien cet esprit, sans oublier les remarques cinglantes de Miss Parker. Enfin, on apprécie particulièrement le fil conducteur qui relie les épisodes. Chacun d'eux est en général un loner (qui se suffit à lui-même) mais qui apporte de nouveaux éléments sur l'intrigue principale. Contrairement à des séries telles X-Files, cette intrigue se construit petit à petit, sans contradiction majeure et sans perdre le téléspectateur. Les scénaristes prennent leur temps sans donner l'impression de vouloir indéfiniment rallonger la sauce. BB : Il n'y a pas quelques petits défauts ? GG : Si on veut chercher la petite bête on peut se demander comment Jarod devine à partir d'une Simple coupure de journal qu'il y a une injustice à réparer mais vu ses capacités, cela n'est pas complètement inexplicable. On peut aussi se demander pourquoi le Centre n'espionne pas d'avantage Sydney étant donné ses relations avec le Caméléon mais cela nous aurait privé de scènes intéressantes. De même, il est étonnant que les enregistrements du Centre soient filmés ainsi (zoom, changement d'angle quand un personnage parle, mouvement de caméra) alors qu'on peut imaginer qu'il s'agit de caméras fixes ; mais cela rend les scènes plus vivantes... de même à Star Wars, les vaisseaux font du bruit quand il explosent dans le vide de l'espace. BB : En résumé, il s'agit d'une série télévisée bien écrite et bien construite. GG : Oui mais il ne s'agit pas là du principal atout de cette série. BB : Quel est-il alors ? GG : La profondeur des personnages. De nombreuses séries se contentent de se consacrer au héros et à ses actions. Ici la personalité et les motivations du héros, comme des "seconds rôles" sont particulièrement remarquables. Jarod, tout d'abord est merveilleusement interprété par Michael T. Weiss. En quelques instants le génie surdoué devient un enfant émerveillé par les choses les plus simples de la vie, et l'homme meurtri par la souffrance se transforme en justicier déterminé. Cette dualité rend le personnage particulièrement attachant et crédible en dépit de ses facultés extraordinaires. Il a une telle influence que je me suis remis à manger des Pez ! Mademoiselle Parker est une jeune et belle femme meurtrie par son passé, la mort de sa mère et le manque d'amour de son père. Elle a dissimulé tout cela derrière une image dure et impitoyable et s'est réfugiée dans la traque de Jarod pour donner un but à sa vie. Mais tout le monde n'est pas dupe et Jarod et Sydney parviennent parfois à faire apparaître son vrai visage quelques instants. Au fil des épisodes, elle ne cesse de se rapprocher et de s'éloigner de Jarod aussi bien géographiquement que psychologiquement. Sydney est à la fois le mentor de Jarod, celui qui a remplacé son père, mais aussi son geôlier qui a su le manipuler alors qu'il n'était qu'un enfant. Brillant psychanaliste, il analyse le comportement des autres, alors que le sien est des plus ambigus. Il est partagé entre le fait de justifier son travail passé et de racheter ses fautes, son envie de ramener Jarod tout en souhaitant le voir libre, sa fidélité au Centre et le doute au sujet des personnes qui le dirigent. Son passé est aussi riche en révélations. Broots, le génie informatique peut apparaître au début comme un personnage secondaire sans grande importance. Mademoiselle Parker a même tendance a le prendre pour une serpillère mais petit à petit, on le découvre. Il est empoté et hésitant mais c'est un crack dans son travail et même si ce n'est pas un aventurier, pour ce qui est important à ses yeux, il sait trouver le courage nécessaire, y compris défier Mademoiselle Parker vis à vis de qui il éprouve un sentiment d'amour et de crainte mélangés. Raines est par contre une personnage beaucoup plus facile à cerner. Son aspect, ses répliques, ses actions le désignent comme un méchant dans les grands modèles du genre. Sa respiration poussive et les roulettes de sa bouteille d'oxygène annoncent son arrivée et crèent un climat dérangeant à chaque apparition (serait-il parent avec un certain Vador ?). Il est prêt à tout pour faire aboutir ses expériences et favorise ainsi le rapprochement des autres personnages autour d'un ennemi commun. Angelo, le père de Mademoiselle Parker, Monsieur Lyle et Brigitte sont encore autant de personnages aux facettes multiples qui se révèlent au fur et à mesure des épisodes. Tous ces personnages ont des relations de types différents et variables vis à vis des autres, donnant ainsi une dimension supplémentaire à chaque rôle. BB : Je ne peux que rester silencieux devant une telle démonstration. J'espère que nous vous aurons donné envie de découvrir ou de revoir cette série qui est actuellement rediffusée sur M6 dans le cadre de la Trilogie du samedi. Une dernière question, Gwen. GG : Oui ? BB : Je peux avoir un Pez ? GG : Je vous laisse le distributeur Bob, j'en ai tout une collection chez moi. Au revoir ! BB : Au revoir Gwen et encore merci. Il est temps de nous quitter pour mieux se retrouver en mars. Bye !
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