Journey
into reality 152
(Mardi
22 août 2017)
Bob
Bernstein : Bonjour à tous pour votre rendez-vous mensuel
avec Journey into Reality
et votre serviteur Bob. Cela fait maintenant trois années que nous
n'avions plus parlé sport depuis la dernière Coupe
du Monde, nous revenons donc sur notre sport numéro 1 avec Stan
Curtis qui cette fois-ci ne va pas nous parler des Bleus mais des
Bleues avec l'Euro féminin 2017. Stan,
bonjour.
Stan
Curtis
: Bonjour Bob.
BB
: Alors tout d'abord pourquoi cet intérêt grandissant pour le football
féminin ? Le foot n'est-il pas une affaire d'hommes ?
SC
: Il l'a longtemps été mais cela fait plusieurs années maintenant que
le foot féminin, à l'instar du tennis a prouvé sa valeur et son intérêt.
La première chose à mettre en avant est la qualité du spectacle. Aujourd'hui,
les joueuses n'ont plus rien à envier techniquement aux joueurs. On assiste
à des matchs rythmés avec de l'engagement, de belles actions de jeu et
souvent d'avantage de buts que du côté masculin.
BB
: Les attaquantes seraient-elles plus efficaces que leurs homologues masculins
?
SC
: Je ne le pense pas. La première raison était à mon avis dûe à l'écart
de niveau entre les équipes, tous les pays n'ayant pas commencé en même
temps à développer ce sport. Mais on constate avec plaisir dans cet Euro
que les écarts se sont réduits, ce qui nous permet d'assister à des matchs
beaucoup plus indécis qu'auparavant, la preuve en est l'élimination
de la réputée invicible équipe allemande par le Danemark.
Il y a cependant encore un domaine où je trouve que les femmes ont un
peu de retard sur les hommes, celui des gardiens de buts où on
assiste encore à des erreurs de sorties, de prises de balles et de relances
beaucoup plus nombreuses que chez les hommes mais je ne doute pas que
cela va rapidement changer.
BB
: L'amélioration technique est la seule raison ?
SC
: Non, les femmes ont gagné la bataille de la communication. Là où
de plus en plus de joueurs ont tendance à irriter les supporters par leurs
frasques et par leurs comportements d'enfants gâtés, les filles ont su
se montrer beaucoup plus sympathiques. Lorsqu'on les découvre, on ne peut
s'empêcher de les aimer et d'avoir envie de les soutenir. D'ailleurs les
télévisions ne s'y sont pas trompées avec les matchs de plus en plus retransmis,
tout d'abord par C8 et maintenant la retransmission quasi-intégrale
de l'Euro par France Télévision.
BB
: Que valent nos françaises au niveau international ?
SC
: Elles sont très bien placées. Tout d'abord au niveau des clubs où Lyon
règne sur l'Europe comme le Real ou le Barça pour
les hommes. D'autres clubs sont aussi de très bon niveau comme Juvisy,
Montpellier ou le PSG. Au niveau de l'équipe nationale,
on a l'impression de retrouver l'équipe de France du début des
années 80 que l'on disait championne des matchs amicaux. En effet nos
joueuses font des performances exceptionnelles. Elles ont en effet remporté
la symbolique SheBelieves Cup 2017 en battant l'équipe qui règne
depuis toujours sur le football mondial, à savoir les USA sur le
score de 3-0. Malheureusement, dans les compétitions officielles, elles
se sont toujours arrêtées avant le sacre.
BB
: Et qu'en est-il pour cet Euro.
SC
: Le début a été difficile avec une petite victoire 1-0 face à une rugueuse
et combative islandaise. Elles ont enchaîné avec 1-1 face à une surprenante
équipe d'Autriche qu'on n'attendait pas à ce niveau. Enfin, le
match qu'elles avaient le mieux commencé, contre la Suisse a tourné
au cauchemar avec un carton rouge et un but dans les premières minutes
de jeu. Mais c'est dans l'adversité qu'elles ont montré toutes leurs capacités
en prenant le contrôle du match à 10 contre 11 et sont parvenues à arracher
la qualification en égalisant. Cette équipe a une grande force de caractère
et elle allie l'expérience de joueuses commen Wendie Renard, Camille
Abily, Gaëtane Thiney (et quelques autres qui mériteraient
aussi d'être citées) et les arrivées plus qu'intéressantes de véritables
bijoux tels que Grace Geyoro ou Kadidiatou Diani.
BB
: Malgré tout, elle s'est une fois de plus arrêtée en 1/4 de finale. Comment
peut-on expliquer cela.
SC
: Il y a certainement comme toujours une série de raisons mais je reviendrai
tout de même sur les doutes que j'ai concernant les décisions de l'entraîneur.
BB
: Ah oui, bien sûr, toujours l'entraîneur mais avez-vous des arguments
concrets pour étayer cela ?
SC
: Eh bien, si je reviens sur le 1/4 de finale que nous avons une fois
de plus perdu, j'ai noté quelques éléments. Premièrement alors que nous
avons un milieu de terrain de qualité, nous avons eu tendance à le sauter
pour envoyer de longs ballons sur lesquelles la défense anglaise s'est
régalée. En voyant que cela ne marchait pas, nous avons continué dans
cette voie.Deuxièmement, alors que Grace a montré à chaque fois
une grande capacité à effacer ses adversaire ou à obtenir des fautes,
elle a passé l'essentiel du temps dans le rond central à distribuer des
ballons sur le côté à Jessica. Troisièmement certaines joueuses
ont encore un niveau un peu insuffisant comme c'est le cas de Sakina
qui a commis plusieurs erreurs mais j'ai cependant apprécié sa combativité
et ses prises d'initiative et elle devrait vite se hisser au niveau. Quatrièmement,
fla sortie de Camille dont c'était le dernier match et qui aurait
continué jusqu'au bout à jouer comme une morte de faim, d'autant plus
que c'est notre tireuse de coup franc et que l'équipe n'a réussi à marquer
que sur des coups de pieds arrêtés. Cinquièmement, il était evident que
malgré tout son talent, Marie-Laure n'était absolument pas dans
son match et il a fallu attendre la 89ème minute pour qu'elle soit remplacée.
D'ailleurs lorsque Clarisse l'a remplacée, elle s'est aussitôt
créé une occasion. Et sixièmement, l'entraîneur a voulu renforcer le côté
droit en faisant entrer Elodie (même si elle est beaucoup plus
efficace en situation de contre au vu de sa vitesse). Effectivement, elle
a rapidement eu une action ou elle s'est montrée dangereuse avant que
l'équipe reparte jouer sur le côté gauche.
BB
: En conclusion, il faut le changer ?
SC
: Pas forcément. Je crois que comme pour tout, il faut aussi se donner
le temps pour progresser et on peut espérer que les erreurs d'Olivier
Echouafni lui permettront d'être meilleur pour le prochain grand rendez
vous : la Coupe du Monde en France.
Et pour finir sur une note positive, nous avons eu droit à une belle finale
voyant la victoire du pays organisateur les Pays-Bas face au Danemark.
Ces deux équipes avaient parfaitement mérité de jouer cette finale. Un
grand coup de chapeau à deux joueuses dont le talent a éclaboussé cet
Euro : Lieke Martens des Pays-Bas et Pernille
Harder du Danemark.
BB
: Eh bien, merci Stan pour toutes ces informations, je vous souhaite
de bonnes vacances et vous quitte pour mieux nous retrouver prochainement
! Bye !
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