Sensibilisation :
Un homme
interpelle une femme.
Nicolas
: Hé ! Céline !
Céline
: Nicolas ! Comment tu vas ?
Ils se font
la bise.
C : Qu’est-ce
que tu deviens ?
N : Oh,
pas grand chose !
C : Tu
es marié ?
N : Non,
j’habite seul avec maman dans un très vieil appartement rue Saint-Lazarre.
J’ai pour me tenir compagnie deux, trois tortues, des canaris et une chatte.
Et toi, tu as trouvé l’amour ?
C : Non
plus, j’avais un ami, mais il est parti, ce sens à ma vie, il
n’est plus en vie. Il m’a tout donné puis s’est effacé.
Mais je ne me suis pas laissée abattre et je me suis inscrite dans
une agence matrimoniale.
N : C’est
amusant moi aussi ! Bon, excuse-moi mais j’ai justement un rendez-vous et
je dois y aller. On se retrouve à 21h30, juste à côté
pour tout se raconter ?
C : D’accord,
rendez-vous à 21h30.
Ils se séparent.
Installation :
Le public
entre dans la salle avec pour musique de fond l’ouverture de " Starmania ".
L’introduction
de " Le monde est stone " sert de liaison entre chaque scène.
La plage :
Intro :
Nicolas
et Céline arrivent sur l’avant-scène.
Nicolas
: Dis-moi, Céline, les années ont passé, pourquoi
n’as-tu jamais songé à te marier ? De toutes les filles
qui vivaient ici, tu es la seule sans mari.
Céline
: Mais, j’y pense, c’est bien pour cela que je me suis inscrite dans cette
agence matrimoniale.
N : Alors,
raconte-moi ton premier rendez-vous. C’était à la plage,
je crois ?
C : Eh
bien, sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés,
il y avait, mais de grand amour, pas du tout ! Et toi ?
N : Moi
aussi j’étais à la plage. J’avais dessiné sur
le sable son doux visage qui me souriait. Puis il a plus sur cette plage
et dans un orage, elle a disparu.
Nicolas à la plage :
Nicolas
et Aline sont assis sur des serviettes de plage. Elle se passe de la crème
solaire.
Nicolas
: Il fait pas très beau, il risque d’y avoir de l’orage.
Aline
: Tu sais, le lundi au soleil, c’est une chose qu’on n’aura jamais.
Chaque fois c’est pareil, c’est quand on est derrière les carreaux,
quand on travaille que le ciel est beau.
N : Tu
as vu tous les bateaux qui naviguent ?
A : Oui,
tu as déjà pris la mer toi ?
N : Oui,
mais c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme.
A : Tu
es marin ?
N : Non,
je suis chômeur.
A : Ca
doit te manquer le travail, non ?
Nicolas
s’allonge sur sa serviette.
N : Travailler,
c’est trop dur et voler, c’est pas beau. Demander la charité, c’est
quelque chose que j’peux pas faire.
A : Pourtant
le travail c’est la santé !
N : Oui
mais rien faire, c’est la conserver.
A : Mais
que vas-tu m’acheter si tu ne travaille pas ?
N : Je
ne te promets pas les toujours du grand soir mais juste à manger
et à boire... un peu de pain et de chaleur.
A : Pas
de cadeaux !
N : Je
te donne toutes mes différences, tous mes défauts qui sont
autant de chances, on ne sera jamais des standards, des gens bien comme
il faut. Je te donne ce que j’ai, ce que je vaux.
Aline
se lève et secoue sa serviette.
A : Bon
puisque c’est comme ça, tout, tout est fini entre nous, je n’ai
plus la force d’y croire et d’espérer.
Elle s’en
va, laissant Nicolas seul.
Céline à la plage
:
Céline est
assise sur sa serviette. On entend une voix au loin.
Alain : Chichis, chouchous,
sucettes à l’anis, elles sont jolies mes salades de fruits !
Alain entre en scène
en continuant sa litanie. Il passe derrière Céline qui l’interpelle.
A : Chichis, chouchous,
sucettes à l’anis, elles sont jolies mes salades de fruits !
Céline : Eh !
Bonjour, bonjour, je viens vous inviter, laissez tout tomber.
Alain s’approche de Céline
et s’agenouille à côté d’elle.
A : Mais je vous connais
!
C : Mais oui ! On
s’était dit rendez-vous dans dix ans, même jour, même
heure, même pomme ! Mais le temps est loin de nos vingt ans,
des coups de poing, des coups de sang.
A : Et souviens-toi
de cet été, la première fois qu’on s’est saoulés...
Céline rit et lui
tape sur le bras.
C : Oui, tu m’as ramenée
à la maison, la même nuit que la nuit d’avant, les mêmes
endroits deux fois trop grands. Tu te souviens ?
A : Oui, même qu’en
chantant, on marchait à reculons. Mais maintenant, je marche
seul, quand ma vie déraisonne, quand l’envie m’abandonne, je marche
seul pour me noyer d’ailleurs.
C : Ca, c’est vraiment
toi ! Ca se sent que c’est toi ! Viens-tu souvent sur cette plage
?
A : Oui, je fais mon
footing au milieu des algues et des coraux.
C: Et à part ça,
qu’est-ce que tu deviens ?
A : Euh... écoute,
j’ai des problèmes de drogue et je n’arrive plus à m’en
sortir, j’ai besoin que l’on m’aide.
Céline s’écarte
de lui.
C : C’est à dire
que... je ne me sens pas capable de t’aider. Cela me dépasse, trouve-toi
quelqu’un d’autre
Alain se rapproche d’elle
et passe son bras autour de ses épaules.
A : On se connaît,
on se dit quand même je t’aime. J’aurai le coeur heureux, sans peur
du lendemain, le jour où je n’aurai plus du tout l’âme en
peine ; le jour où moi aussi j'aurai quelqu’un qui m’aime.
Elle le repousse et se
lève.
C : Ca sert à
quoi tout ça ? Ne me demande pas de te suivre, dix ans de cette
vie ont suffi à te changer à junkie.
Céline s’en va.
Le zoo :
Intro :
Céline
: Tu as eu raison de ne pas t’attacher à une femme qui n’en voulait
qu’à ton argent.
Nicolas
: Et en plus, elle avait les yeux revolver, elle avait le regard qui
tue. Mais si tu me racontais ton deuxième rendez-vous qui a
eu lieu, comme le mien, au zoo, je crois ?
Céline
: C’est exact. Bien sûr, ce n’est pas la Seine, ce n’est pas
le bois de Vincennes mais c’est bien joli tout de même.
Nicolas au zoo :
Nicolas
s’avance au milieu du public et s’adresse à celui-ci.
Nicolas
: Z’avez pas vu Mirza ? Oh la la la la la ! Où est donc passé
cette fille ? Z’avez pas vu Mirza ? Oh la la la la la. Je la cherche partout.
Il aperçoit
Mirza.
N : Oh
ça y est, je la vois ! Veux tu venir ici !
Mirza,
essoufflée rejoint Nicolas.
Mirza
: Bonjour, excuse moi d’être en retard.
N : Ce
n’est pas bien grave, je n’attends pas depuis longtemps. Si on allait
faire une petite balade ?
M : Quel
genre de balade ?
N : Je
ne sais pas, la balade des gens heureux par exemple.
Nicolas
prend la main de Mirza.
M : Excellente
idée, j’ai toujours rêvé comme les garçons
et les filles de mon âge de me promener dans le zoo deux par deux,
la main dans la main et les yeux dans les yeux.
Ils se
promènent et il lui fait découvrir les différents
animaux. Soudain, un terrible rugissement retentit et Mirza se blottit
contre Nicolas.
M : Oh
! Qu’est-ce que c’est ?
N : Je
ne sais pas, ça fait houou, ça fait grrr ! Mais ce
n’est rien, regarde, écoute, ça fait rire les oiseaux,
ça fait chanter les abeilles, ça chasse les nuages et fait
briller le soleil.
M : Tout
de même, ça m’a effrayée. Mais bon, ce n’est pas comme
si je marchais seule dans le zoo, sans témoin, sans personne.
N : Ce
n’est rien, quand j’étais en Afrique, j’ai vu bien d’autres choses
encore. Y’avait des gros crocodiles et des orangs-outangs, des affreux
reptiles (Mirza a une réaction de répulsion)...
et des jolis moutons blancs (rassurée, elle sourit)
des chats, des rats, des éléphants, mais la plus mignonne,
c’était la jolie licorne.
M : Tu
en as de la chance d’avoir vu tout ça ! Moi, dans mon H.L.M.,
y’a une bande d’allumés qui vivent à six ou huit, dans soixante
mètres carrés y’a tout l’temps d’la musique. Ils vivent
comme ça... relax !
N : Dans
un H.L.M. ! Dans un H.L.M. ! Ah mais je ne pourrai jamais y vivre ! Moi
qui aime l’espace, la nature, la tranquillité... (il prend de
grandes inspirations et fait de grands gestes avec les bras) le
vent frais, le vent du matin, le vent qui souffle au sommet des grands
pins. Si c’est comme ça, je préfère aller siffler
là-haut sur la colline et cueillir un petit bouquet d’églantines.
Nicolas
s’en va.
Céline au zoo :
Un homme (Kévin),
en tenue d’employé de zoo est en train de balayer. Il regarde sa
montre puis va poser sa casquette et son balai pour mettre un chapeau
de cow-boy et prendre une guitare. Il s’adresse au public.
Kévin : Elle
croyait qu’j’étais James Dean, américain d’origine, le fils
de Buffalo Bill, alors... admiration ! Faut dire qu’j’avais la chemise
à carreaux, la guitare derrière dans l’dos, pour faire le
cow-boy très beau, mais... composition !
Céline arrive.
Céline : Kévin
?
K : Yes, it is me.
C : Je suis très
happy de vous rencontrer.
Kévin, en aparté,
s’adresse au public.
K : Elle me parlait
anglais tout le temps, je lui répondais deux, trois mots bidons.
C : Si tu viens d’Amérique,
tu dois beaucoup voyager.
K : En effet, je passe
la moitié de ma vie en l’air entre New-York et Singapour, je voyage
toujours en première. J’ai ma résidence secondaire dans
tous les Hilton de la terre, j'peux pas supporter la misère.
Si ça te dit, je pourrai t’emmener.
Céline bondit de
joie.
C : Oh oui ! Un jour
j’irai à New-York avec toi, toute la nuit déconner et voir
aucun film en entier ça va de soit.
K : Dis-moi, tu as l’air
de beaucoup aimer l’Amérique ?
C : Oui, l’Amérique,
je veux l’avoir et je l’aurais. L’Amérique, si c’est un rêve,
je le saurai. Mais raconte-moi comment ça se passe dans les
bars.
K : Dans les saloons,
y’a d’la bière, du bon whisky, de belles serveuses. Et les cow-boys,
ça picole et puis ça tire sur le pianiste.
C : Ah oui, le pays des
cow-boys, tu as peut-être un cheval alors ?
K : Oui, il s’appelait
Stewball, c’était un cheval blanc, il était mon idole et
moi j’avais dix ans. Quand le vétérinaire d’un seul coup
l’acheva... je vis pleurer mon père pour la première fois.
Kévin fait semblant
de pleurer sur l’épaule de Céline.
C : Dis donc, elle est
triste ton histoire ! Si tu me disais plutôt des mots d’amour en
anglais.
K : (embêté)
Euh... it is not because you are... I love you because I do... C’est
pas parc’que you are me... qu’I am you... qu’I am you...
C : Mais qu’est-ce que
c’est que cet anglais ? Tu m’as raconté des histoires, tu n’es
pas américain ! Et tu n’es pas non plus le héros que je
croyais !
Elle lui tourne le dos
et commence de partir mais il la retient par le bras.
K : En effet, j’avoue,
je t’ai menti, je ne suis pas américain, je ne suis pas non
plus un héros, mes faux pas me collent à la peau, je ne
suis pas un héros, faut pas croire ce que disent les journaux...
je ne suis qu’un gardien de zoo.
Céline s’en va
en haussant les épaules, laissant Kévin à sa détresse.
Le restaurant :
Intro :
C : En
effet, je ne t’imagine pas allant t’installer avec quelqu’un dans un H.L.M.,
toi qui ne rêves que d’une maison bleue adossée à
la colline, où on y vient à pied, où on n’y frappe
pas.
N : Tu
n’as pas été plus gâtée que moi, toi qui rêve
d’un aventurier tel que Bob Morane contre douze chacals, l’aventurier
contre tout guerrier, tu as été servie avec ton Américain
bidon.
C : Et
si tu me racontais ton rendez-vous au restau ?
N : D’accord,
voilà commence cela s’est passé...
Nicolas au restaurant :
Nicolas
est installé à table, Gaston, le serveur accueille Marina,
une cliente.
Gaston
: Welcome to the Hôtel California, such a lovely place.
Marina
: Bonsoir, je m’appelle Marina, une table a dû être réservée
pour moi.
G : En
effet, veuillez me suivre.
Gaston
s’apprête à aider Marina à s’installer mais Nicolas
le pousse pour aider la jeune femme à s’asseoir. Gaston s’en va.
Nicolas
: Bonsoir, vous êtes bien installée ?
M : Oui,
excusez mon retard mais je viens de chez un ami qui habite dans un H.L.M.
et au rez-de-chaussée, y’a une espèce de barbouze qui
surveille les entrées, qui tire sur tout ce qui bouge surtout si
c’est bronzé.
N : Ah,
ne me parlez pas des H.L.M. ! On est bien mieux ici où je suis
un habitué. Et vous, vous allez souvent au restaurant ?
M : Non,
moi, je préfère manger à la cantine avec les copains
et les copines. Même si la viande est dure comme du caoutchouc,
au moins, je suis sûre de rigoler un bon coup.
Gaston
revient vers la table.
G : Pour
Monsieur, du poisson, comme d’habitude, et pour Mademoiselle ?
M : Pour
moi ce sera le plat du jour.
Gaston
repart.
N : A
présent, parlez-moi un peu de vous, qu’est-ce qui vous passionne
dans la vie ?
M : Hé
bien, j’adore les voyages, Belle-Ile-en-Mer, Marie Galante, Saint-Vincent,
loin, Singapour, c’est long, Ceylan...
N : Vous
c’est l’eau, c’est l’eau qui vous sépare et vous laisse à
part.
M : En
effet, j’adore la mer. J’ai traversé l’océan Atlantique
sur un fameux trois mâts fin comme un oiseau. Hisse et ho Santiano
! Dix-huit noeuds, quatre cents tonneaux, je suis fière d’y être
matelot.
N : Eh
bien, moi, c’est le contraire, je ne suis pas très marin. Je suis
fait pour les terres brûlées au vent des landes de pierre
autour des lacs où des nuages noirs qui viennent du nord colorent
la terre, les lacs, les rivières. C’est le décor du Connemara.
Mais peut-être avez-vous visité d’autres pays ?
M : Je
suis allée aux Pays-Bas, à Amsterdam.
N : Qu’en
avez-vous pensé ?
M : Oh,
vous savez, dans le port d’Amsterdam, y’a des marins qui dansent et
se frottent la panse sur la panse des femmes et ils tournent et ils dansent.
Gaston
apporte les assiettes.
G : Voici
Mademoiselle, voici Monsieur, bon appétit.
Gaston
repart.
N : Et
parmi tous ces voyages, vous n’avez jamais rencontré l’âme
soeur ?
Une sonnerie
de téléphone retentit.
M : Si
mais je l’ai perdu de vue. Love, c’était son nom, un vagabond
qui vivait de soleil, d’espace et de chansons.
N : Oh
! Gaston, y’a l’téléphon qui son et y’a jamais person
qui y répond !
Gaston
arrive en courant et va décrocher.
G : Allo
? Maman ? Bobo ! Maman, comment tu m’as fait, j’suis pas beau !
Gaston
raccroche et repart.
N : Ce
Love, c’est apparemment un homme qui a beaucoup compté pour vous.
M : Oui,
d’ailleurs, j’espérais qu’en me rendant à ce rendez-vous,
j’arriverai à l’oublier.
N : Oui
mais je pense que si tu veux que l’on ait une relation sérieuse,
il faudrait que tu arrives à en parler au passé, faudrait
que tu arrives à ne plus penser à ça, faudrait que
tu l’oublies à longueur de journée.
M : Je
suis d’accord avec toi mais il a gommé les chiffres des horloges
du quartier. Il a fait de ma vie des cocottes en papier, des éclats
de rire. Il a bâti des ponts entre nous et le ciel et nous les traversions
à chaque fois qu’il ne voulait pas dormir. Je l’aime à mourir.
N : Après
ce que je viens d’entendre, il vaut mieux pour nous qu’on en reste là.
Mais avant de nous quitter buvons encore une dernière fois à
l’amitié, l’amour, la joie.
Il sert
à boire.
M : Tu
as raison, je vais noyer mon chagrin dans les voyages et dès
que le vent soufflera, je repartira.
Ils trinquent.
Céline au restaurant :
Céline est
installée à table, Gaston, le serveur accueille Mister Jekyll,
un client.
Gaston : Welcome to
the Hôtel California, such a lovely place.
Jekyll : Bonsoir, je
suis Mister Jekyll, j’ai réservé une table pour un rendez-vous.
G : Effectivement, allez,
venez, Milord, vous asseoir à ma table. Il fait si froid dehors.
Ici, c’est confortable.
Jekyll écarte Gaston
pour se précipiter serrer violemment la main de Céline qui
s’attendait à un baisemain puis, il vient asseoir. Gaston repart.
J : Je suis enchanté
de faire votre connaissance.
Céline : Moi aussi,
j’aimerais faire plus ample connaissance avec vous. Par exemple, que faîtes-vous
dans la vie ?
J : J’aurais voulu
être un artiste pour avoir le monde à refaire, pour pouvoir
être un anarchiste et vivre comme un millionnaire.
Gaston revient vers la
table.
G : Qu’est-ce que je
vous sers, Messieurs, Dames ?
J : Des cornichons,
de la moutarde, du pain, du beurre, des petits oignons, des confitures
et des oeufs durs, des cornichons.
G : C’est cela, oui.
Et pour vous Mademoiselle ?
C : Euh... pareil !
Jekyll sorts de nombreux
objets de sa mallette et les étale frénétiquement
sur la table.
J : Où sont
mes gouttes, mes pastilles, mon sirop, ma camomille, ma potion, mes cachets,
mes piqûres et mon bonnet ?
Jekyll renverse la
bouteille de vin mais Céline la rattrape.
C : Ne la laisse pas
tomber, elle est si fragile !
Jekyll s’empare de la
bouteille et commence à danser avec.
J : Ah, le petit vin
blanc qu’on boit sous les tonnelles quand les filles sont belles !
Gaston apporte les assiettes,
Jekyll retourne à sa place, Gaston repart.
C : Avec votre vie d’excentrique,
je comprends que vous n’ayez jamais réussi à fonder une
famille.
J : Mais si, bien sûr,
j’ai eu un fils.
C : Ah, c’est bien, et
que fait-il dans la vie ?
Jekyll se lève
et fait semblant de jouer du piano sur la table.
J : Il jouait du piano
debout. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi,
ça veut dire beaucoup. Ca veut dire qu’il était libre, heureux
d’être là malgré tout.
C : Mais que lui est-il
arrivé pour que vous en parliez au passé ?
J : Dans le fond d’une
étable, tout seul, il s’est couché, abandonné des
hommes, il est mort sans adieu. (Jekyll pleure sur la table puis
se met subitement à courir autour) Et je cours, je me raccroche
à la vie, je me saoule avec le bruit des corps qui m’entourent
comme des lianes nouées de stress, sans comprendre la détresse
des mots que j’envoie.
C : (s’adressant au
public) Qu’est-ce qui fait ? Qu’est-ce qu’il a ? Qui c’est celui-là
? Il a une drôle de tête de type là ! Il a une drôle
de voix. Qu’est-ce qui fait ? Qu’est-ce qu’il a ? Qui c’est celui là
?
J : Vous allez un peu
trop loin, je crois que vous n’avez pas compris. Je suis pour le communisme,
je suis pour le socialisme et pour le capitalisme parce que je suis opportuniste.
Gaston revient.
G : Désirez-vous
un dessert Messieurs, Dames ?
J : Ce sera un banana
split pour moi s’il-vous-plaît.
G : Et pour vous Mademoiselle
?
C : Ce sera une tarte
aux pommes.
Gaston repart et revient
avec les desserts, Jekyll est de plus en plus étrange et Céline
n’est pas rassurée.
C : Qu’est-ce que c’est
que ça ?
J : C’est le dessert
que sert l’abominable homme des neiges à l’abominable enfant teenage,
un amour de dessert. Bananana, Banana split !
Céline se lève
lentement et commence à reculer vers la porte de sortie.
C : Ca fait de la
peine, mais il faut que je m’en aille, j’ai rendez-vous dans un sous-sol
avec des fous qui vivent la guitare à la main du soir au matin.
Céline part en
courant.
La boîte :
Intro :
N : Tu
vois, le restaurant n’a pas été une réussite complète
mais au mois, j’ai bien mangé, j’ai bien bu, j’ai la peau du
ventre bien tendue. Par contre, ton rendez-vous était plutôt
effrayant.
C : Oui,
il ressemblait à ces monstres des lacs qu’on voit nager certains
soirs d’été et replonger pour l’éternité.
Et ton rancard en boîte, il était comment ?
N : Elle
était maquillée comme une star de ciné, accoudée
au juke-box. Elle semblait bien dans sa peau. Ses yeux couleur menthe
à l’eau cherchaient du regard un spot. Mais un type est entré
et le charme est tombé.
Nicolas en boîte :
Lili
est assise au bar. Nicolas s’approche d’elle.
Nicolas
: Lili ?
Lili
: Nicolas ?
N : Bonsoir,
je suis très heureux de vous rencontrer.
L : Moi
aussi, je vous offre un verre ?
N : Avec
plaisir, un whisky, car boire un petit coup, c’est agréable,
boire un petit coup, c’est doux mais il ne faut pas rouler dessous la
table.
La serveuse
leur verse des whiskys. Leur discussion est couverte par la musique.
N : Danse
avec moi, je te veux si tu veux de moi.
L : Attends
un peu, on a toute la vie pour s’aimer, l’amour se raconte en musique.
Bon d’accord prends-moi la main, viens danser.
Musique
: Nicolas et Lili dansent, d’autres personnes les rejoignent sur la piste.
Après quelques instants, ils sont entraînés par les
autres danseurs.
N : Ouaooh
! Nous sommes emportés par la foule, qui nous traîne,
qui nous entraîne...
La musique
reprend et on entend une annonce du D.J.
D.J.
: Bienvenue à tous, super soirée ce soir ! Une dédicace
spéciale pour Lili car au Macumba, elle danse tous les soirs,
au rythme des salsas, aux accords des guitares.
Musique
: Lili est applaudie puis alors que tout le monde continue de danser,
elle retourne au bar boire son verre. Celui-ci fini, elle hésite
un moment puis boit aussi celui de Nicolas. Elle retourne ensuite danser
et aperçoit alors un homme qui effectue une étrange danse
avec son doigt.
L : Oh
regarde ! C’est Jean Petit qui danse ! De son doigt il danse !
Musique
: Sans plus s’occuper de Nicolas, elle part rejoindre Jean Petit et danse
avec lui. Nicolas retourne s’asseoir au bar. Il veut boire son whisky
mais s’aperçoit que son verre est vide. Il patiente un moment,
puis ne voyant pas Lili revenir, il se dirige vers elle.
N : Je
suis venu te dire que je m’en vais et tous tes mots n’y pourront rien
changer. D’abord t’as bu tout mon whisky, ensuite, t’as voulu coucher
dans mon lit et maintenant tu finis avec Jean Petit ! J’en ai marre,
je me casse !
L : C’est
ça, casse-toi, tu pues et marche à l’ombre !
Nicolas
quitte la boîte.
Céline en boîte :
Céline danse
en boîte en compagnie de son amie, Emilie.
Céline : J’ai
vraiment hâte de le voir. Mais qu’est-ce qu’il fait ? J’ai accepté
par erreur son invitation, j’ai dû me gourer dans l’heure, j’ai
dû me planter dans la saison.
Emilie : Mais sois patiente,
résiste, suis ton coeur qui insiste, bats-toi, signe et persiste.
C : Tu as raison, s’il
le faut, j’attendrai le jour et la nuit, j’attendrai toujours son retour.
E : En attendant, vas
te repoudrer le nez afin d’être belle, belle, belle comme le
jour, belle, belle, belle comme l’amour.
Céline se rend
aux toilettes en courant.
E : Ah, elle court,
elle court, la maladie d’amour dans le coeur des enfants de 7 à
77 ans !
Musique : Emilie danse,
Céline la rejoint.
C : Ce soir, je serai
la plus belle pour aller danser !
E : Eh bien, justement,
chante, chante, danse et mets tes baskets ! C’est sympa tu verras,
viens.
Emilie entraîne
Céline au milieu de la piste où d’autres danseurs les rejoignent
et engagent la conversation. Au bout d’un moment, l’un d’eux leur adresse
la parole.
Henri : J’me présente,
je m’appelle Henri, j’voudrais bien réussir ma vie, être
heureux, être beau, gagner de l’argent puis surtout être intelligent.
C: Bonsoir, moi c’est
Céline...
Emilie écarte son
amie en passant devant pour parler à Henri.
E : Moi, je m’appelle
Emilie jolie. Je rêve de voler la nuit et je voudrais partir avec
vous.
Dudule, l’ami d’Henri
vient se mêler de la conversation.
Dudule : Allez, venez
chez moi, j’habite chez une copine ! C’est une maison peuplée de
cheveux longs, de grands lits et de musique, peuplée de guitares
et peuplée de fous.
H : Oui, venez à
la maison, y’a le printemps qui chante, venez à la maison, tous
les oiseaux nous attendent !
E : D’accord, envole-moi
loin de cette fatalité qui colle à ma peau. Envole-moi,
remplis ma tête d’autres horizons, d’autres mots.
C : Ne me quitte pas,
il faut oublier, tout peut s’oublier.
E : Désolée,
ça me fait de la peine mais il faut que je m’en aille.
Emilie, Henri et Dudule
s’en vont laissant Céline seule. Henri se retourne pour la regarder.
H : De toute façon,
elle sera dernière à rester debout.
Conclusion :